"" ..........Si on ne parfumait, pas la vie, avec de l'amour, le plus d'amour possible, mignonne, comme on met du sucre dans les drogues, pour les enfants, personne, ne voudrait la prendre telle, qu'elle est..."

Les soeurs Rondoli et autres contes sensuels

MAUPASSANT..


NE CHERCHE PAS LE CHEMIN DU BONHEUR,
le chemin, c'est le "bonheur"

jeudi 3 octobre 2013

pour.........





Pour écrire un seul vers.


Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d'hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s'ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l'on voyait longtemps approcher, à des jours d'enfance dont le mystère ne s'est pas encore éclairci, à ses parents qu'il fallait qu'on froissât lorsqu'ils vous apportaient une joie et qu'on ne la comprenait pas ( c'était une joie faite pour un autre ), à des maladies d'enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles -- et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d'amour, dont aucune ne ressemblait à l'autre, de cris de femmes hurlant en mal d'enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d'avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d'attendre qu'ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n'est que lorsqu'ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu'ils n'ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n'est qu'alors qu'il peut arriver qu'en une heure très rare, du milieu d'eux, se lève le premier mot d'un vers.
 Rainer Maria Rilke ( 1875-1926 ) Les Cahiers de Malte.



((vu, là.... http://soleggiata.wordpress.com/..)
..........Lorsque j'aime, je fais passer..... 



11 commentaires:

Jacques a dit…

C'est le blog de mon amie Pounette çà...Une belle personne qui tient une place particulière dans mon cœur...
Bizzz

Barbara a dit…

magnifique texte et diaporama
merci

manouche a dit…

..."le premier mot d'un vers" ou la première ligne d'un roman .

Thérèse a dit…

MERCI pour ce beau partage ...
Bisous

chaourcinette a dit…

c'est un auteur que j'aime beaucoup...je te glisse ce poème tout doux......
"Comment encore reconnaître
ce que fut la douce vie ?
En contemplant peut-être
dans ma paume l'imagerie

de ces lignes et de ces rides
que l'on entretient
en fermant sur le vide
cette main de rien."
bises et merci de ton passage sur mon blog !!

Marité a dit…

Très beau texte d'un auteur que j'aime beaucoup ! Ce qui m'a fait sourire est la musique choisie (Georges Delerue). C'est celle du film de Godard, "Le mépris" où Bardot interroge Piccoli sur sa féminité...
BISOUSsssssssssssss

Claire Fo..... (mais pas Fontaine) a dit…

...et me voilà tout à lents-vers....

Becsbecsbecs|||

Cassandre a dit…

Bonjour Claire,

Il y a des auteurs qui ont un véritable don pour bien cerner et pouvoir exprimer les sentiments et émotions profondes..
La poésie, c'est tout cela..

Amitiés!!

Fifi a dit…

Magnifique ! Merci la fourmi pour ce partage !!!

Didi a dit…

C'est très beau merci à toi
Bisous et bon Weekend @ bientôt

Françoise a dit…

Ton blog est une mine d'or, Claire.... :-)))